Pratiques en atelier

Souvent, on se pose des questions sur le bienfondé de telle ou telle technique, pratique d’apprentissage et pour démystifier nos préjugés, je réponds à quelques questions les plus communes dans cette minute pédagogique.

J'espère qu'elle vous sera utile pour construire vos ateliers. 

Véronique Nader


 

Des pratiques/des méthodes/des exemples pour l’apprentissage d’une langue

Quelques questions que l’on se pose :

Faut-il apprendre « par cœur » ?
Souvent pour parer au plus pressé, saisir au vol des expressions françaises et des mots de référence pour reconnaître un son ou une syllabe, le par coeur est très utile mais ne suffit cependant pas pour apprendre une langue, permettre l’autonomie et construire un savoir qui s’enrichisse peu à peu.
 

Faire répéter ?
Oui et non. Au début, la répétition permet de se familiariser avec les lettres, les sons, et le corps de la langue mais il faut aller plus loin.

Le par cœur, ce qui permet d’entamer les premiers échanges, c’est une culture commune.

Au début, il est difficile de faire plus ! C’est le niveau zéro de la discussion mais une base pour la communication. C’est par là que commence l’entrée dans la langue, l’alphabétisation, l’échange avec le professeur.
La répétition s’installe ensuite en automatisme dans le cours :

Il est possible de répéter en chœur, de s’écouter mutuellement ou de répéter en collectif.

La bouche et l’oreille ont besoin de ces exercices pour s’adapter aux sons, se muscler, se modifier.

Exercice : Utiliser le téléphone de chacun pour effectuer un enregistrement qui servira à l’apprenant, comme entrainement de prononciation, d’acquisition de structure de phrase, de mémorisation d’acte de parole.
Ex : un mot, une série de mots, une phrase, un dialogue.

Mais enseigner, ça n’est pas exclusivement répéter. C’est reprendre, autrement, dans de multiples emplois, à d’autres moments et d’en d’autres circonstances, avec plusieurs types d’exercices.

EX : jeux de rôle, mise en situation.

Il importe donc que la langue enseignée soit la plus rapidement utile pour les apprenants, la plus courante et rapidement compréhensible par eux et les Français auxquels ils s’adressent.

Pour ce faire, il est nécessaire de se demander : Quelle langue nous parlons et d’établir une progression :
Par soucis de progression, il y a des questions que nous devons nous poser :

Quelle langue parlons-nous ? Quelle syntaxe utilisons-nous ? Quels verbes et quels temps sont les plus usités ? Quels sont les mots les plus courants, et les plus utiles pour nos apprenants ?
 

Il faut savoir que pour comprendre une langue étrangère, un vocabulaire de 2000 à 5000 mots est nécessaire, dont un noyau minimal de vocabulaire général commun de 1100 à 1200 mots.


Et à propos des verbes ?
Les verbes que nous utilisons : Les verbes les plus utilisés sont irréguliers.
Il faut les faire reconnaître, entendre, lire et utiliser à l’oral et à l’écrit (ces activités dans l’ordre qu’on veut). MAIS aussi les apprendre.

L’ordre de fréquence d’apparition dans la langue française : être et avoir qui servent aussi à construire d’autres temps, puis aller qui permet de construire le futur immédiat, etc. Ex : Demain, je vais voir Mohamed.

Comment expliquer le verbe être ?
On n’explique rien ! Surtout à des gens qui ne parlent pas notre langue. On ne produit aucun discours sur quoi que ce soit et on est le moins bavard possible, pas de règle, pas de terme générique (indicatif/subjonctif…..)
On multiplie des séries d’occurrences, on fait observer, utiliser, et par là comprendre et intégrer par la pratique et l’usage.

Exemple : faire identifier, écrire, fabriquer des phrases, jouer de petits dialogues ou dicter. Apprendre par coeur en les utilisant toujours dans de courtes phrases, des phrases que les apprenants auront construites par eux mêmes.

Il n’y a pas d’acquisition possible sans usage et construction immédiate du sens :

Ex : Je suis français
Tu es soudanais
Elle est afghane
On est assis
On est à Paris (le « nous » est le moins utilisé des pronoms personnel sujet !)
Vous êtes ici.
Ils sont, Elles sont là-bas

Les verbes les plus fréquents sont les plus difficiles mais aussi les plus polysémiques.
Jouer avec cette polysémie : Ils offrent de grandes possibilités d’usages et d’extension.


Le verbe « prendre » a de nombreux dérivés : comprendre, apprendre, surprendre.
Ex : prendre/comprendre/surprendre :
Un rendez-vous, de l’argent, une notice, son téléphone, le métro, , sa leçon, un café, son temps, prendre à gauche, à droite, la pluie, un ami
 

A titre informatif : Liste des verbes les plus fréquents à l’oral (N.Catach, 1984)(par ordre de fréquence décroissante dans la langue parlée)
1 être         26 aimer      51 finir              76 répondre
2 avoir       27 penser    52 descendre    77 porter
3 faire        28 rester      53 rappeler       78 gagner
4 dire         29 manger   54 arrêter          79 dormir
5 aller        30 appeler   55 raconter        80 apporter
6 voir         31 sortir       56 apprendre     81 boire
7 savoir     32 travailler  57 changer       82 amener
8 pouvoir   33 acheter   58 occuper        83 garder
9 falloir      34 laisser     59 sentir            84 ouvrir
10 vouloir  35 écouter   60 tomber          85 habiter
11 venir     36 entendre 61 vendre          86 reprendre
12 prendre 37 rentrer    62 servir            87 envoyer
13 arriver   38 commencer 63 essayer   88 foutre
14 croire    39 marcher   64 compter      89 présenter
15 mettre   40 regarder  65 écrire          90 occuper
16 passer   41 rendre     66 remarquer  91 mourir
17 devoir   42 devenir     67 obliger        92 continuer
18 parler    43 lire           68 intéresser   93 toucher
19 trouver  44 monter     69 valoir          94 fatiguer
20 donner  45 payer       70 coucher      95 se souvenir
21 comprendre 46 chercher 71 tourner  96 tirer
22 connaître 47 jouer     72 conduire     97 entrer
23 partir     48 paraître    73 plaire          98 poser
24 demander 49 attendre 74 marier       99 installer
25 tenir       50 perdre      75 recevoir    100 devenir


 

Liste des noms les plus fréquents à l’oral (N.Catach, 1984)

1 chose 26 français 51 main 76 nom

2 heure 27 fille 52 service 77 impression

3 jour 28 type 53 mère 78 gars

4 temps 29 coup 54 route 79 nuit

5 fois 30 mot 55 jeune 8o besoin

6 an 31 vie 56 dimanche 81 famille

7 moment 32 eau 57 journée 82 mal

8 monsieur 33 point 58 garçon 83 minute

9 franc 34 fils 59 foi 84 café

lo enfant 35 personne 60 idée 85 métier

11 madame 36 homme 61 argent 86 docteur

12 maison 37 père 62 train 87 fin

13 femme 38 place 63 compte 88 somme

14 gens 39 ville 64 chambre 89 peur

15 mois 4o rue 65 pièce 90 maman

16 soir 41 façon 66 semaine 91 richesse

17 année 42 bois 67 vacances 92 fond

18 exemple 43 cheval 68 professeur 93 truc

19 côté 44 guerre 69 appareil 94 terre

20 matin 45 ami 70 pied 95 classe

21 monde 46 bout 71 part 96 client

22 travail 47 gosse 72 tête 97 dieu

23 histoire 48 prix 73 pays 98 cinéma

24 voiture 49 question 74 mètre 99 cas

25 école 5o mari 75 suite loo partie


 

Mais nous ne sommes pas des comptables !!! Laissons-nous aller par la communication et la mise en situation.

Bon courage

Véronique Nader